Je suis arrivée à Chelmsford un peu par hasard. Après plusieurs séjours dans les grandes villes britanniques — Londres, Manchester, Bristol — j’avais soif de quelque chose d’autre : du calme, de la sincérité, de la respiration. Mon esprit était saturé par la cadence urbaine, les transports bondés, les files d’attente, les notifications incessantes. J’ai eu besoin de me poser. Et c’est ainsi que, par une matinée de juin, j’ai posé mes valises à Chelmsford, petite ville discrète de l’Essex, à seulement 35 minutes de train de Londres.
1. Mon arrivée à Chelmsford : un premier souffle
Depuis London Liverpool Street Station, le train file à travers les paysages verts de l’Essex. Dès l’arrivée à la gare de Chelmsford, on perçoit une atmosphère différente. Pas de foule pressée. Pas de sirènes en fond. Juste le vent dans les feuilles, quelques vélos qui glissent, et le chant d’une ville tranquille.
J’avais réservé mon logement via Booking.com, un petit B\&B familial situé près de Central Park, que je recommande chaudement : calme, accueil chaleureux, petit déjeuner maison à base de produits locaux, le tout pour environ 80£ la nuit.
2. Central Park : un matin au ralenti
Le premier matin, je me suis levée tôt, réveillée non pas par un réveil strident, mais par la lumière dorée qui glissait lentement à travers les rideaux. Ce genre de lumière qui ne vous presse pas de sortir du lit, mais vous invite doucement à commencer la journée. J’ai enfilé un pull en laine et suis descendue en marchant lentement jusqu’à Central Park, encore un peu engourdie de sommeil, mais curieuse.
Avant même d’y entrer, j’ai été attirée par l’odeur du café fraîchement moulu qui s’échappait de l’Avenue Café, blotti dans un coin tranquille du parc. L’ambiance y était douce : quelques habitués lisaient leur journal, deux amies discutaient doucement, et derrière le comptoir, une serveuse souriante m’a préparé un flat white onctueux. Elle m’a demandé d’où je venais, et lorsque je lui ai dit que j’étais en voyage, elle m’a recommandé de rester un peu dans le parc, « juste pour sentir le calme ».
Je l’ai écoutée. J’ai marché jusqu’au bord de la rivière Can, dont les eaux reflétaient le ciel pâle du matin. Les pelouses ondulaient doucement sous le vent, les feuillages frémissaient, et des canards glissaient silencieusement sur l’eau, comme s’ils connaissaient la chorégraphie par cœur.

Je me suis assise sur un banc en bois, un peu en retrait du chemin principal. Là, j’ai juste… existé. Sans téléphone, sans carnet, sans distraction. J’ai regardé une vieille dame marcher avec son chien, un petit cavalier King Charles qui trottinait fièrement. Plus loin, un père poussait une poussette tout en tenant la main de son autre enfant, une petite fille en bottes roses qui ramassait des feuilles mortes avec la solennité d’un archéologue. Ce moment m’a profondément touchée. Il n’y avait rien d’exceptionnel à observer, mais tout me semblait vrai, sincère, profondément humain.
C’est ici que j’ai compris quelque chose d’essentiel : on n’a pas besoin d’aller loin ou de faire beaucoup pour vivre intensément. Parfois, il suffit de ralentir, de se taire, d’ouvrir les yeux.
💡 Astuce voyageuse : Central Park est gratuit et ouvert toute la journée, tous les jours. Il est situé à seulement 5 minutes à pied de la gare de Chelmsford, ce qui en fait un premier arrêt idéal en arrivant. Le parc dispose de toilettes publiques, d’un petit kiosque d’information et de nombreuses zones ombragées. Pour une pause gourmande, prévoyez un pique-nique (le M\&S Foodhall situé dans le centre commercial Bond Street est parfait pour trouver des produits frais et de qualité). Installez-vous près de la rivière, éteignez votre téléphone, et laissez le temps faire le reste.
3. La cathédrale de Chelmsford : spiritualité et architecture
En fin de matinée, sans itinéraire précis, j’ai poursuivi ma flânerie vers le centre-ville. Mes pas m’ont naturellement conduite à la Cathédrale de Chelmsford, que je n’avais pas prévue de visiter, mais que j’ai découverte au détour d’une ruelle tranquille. Nichée au cœur du vieux centre, elle s’élève modestement entre les bâtiments modernes, comme un joyau discret mais lumineux.
Dès que j’ai franchi le seuil, j’ai été enveloppée par une atmosphère de calme surnaturel. L’intérieur est d’une beauté apaisante : colonnes élancées, voûtes sobres, et surtout ces vitraux colorés qui projettent des éclats de bleu, de rouge et d’or sur le sol en pierre. Chaque reflet semblait raconter une histoire silencieuse.
Je me suis assise tout au fond, près d’une alcôve où une bougie tremblotait, et j’ai laissé mes pensées dériver. Il n’y avait pas de messe, mais quelques visiteurs chuchotaient, et au loin, un organiste répétait une fugue de Bach. La musique résonnait dans mes os, comme un murmure ancien venu me rappeler que le voyage est aussi un moment d’introspection.
Ce que j’ai particulièrement aimé ici, c’est la simplicité du lieu. Pas d’entrée payante, pas de foule pressée. Juste une invitation au recueillement, à la pause, à la gratitude. En sortant, j’ai laissé une petite donation dans la boîte à l’entrée, puis j’ai pris un moment pour parler à un bénévole qui m’a raconté l’histoire des premières pierres posées au XIIIe siècle, et comment la cathédrale avait survécu aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
🎟️ Entrée libre, mais les donations sont bienvenues pour aider à l’entretien de ce lieu précieux. Des visites guidées (gratuites) sont proposées certains après-midis — renseignez-vous à l’accueil ou via leur site officiel : www.chelmsfordcathedral.org.uk.
💡 Petit conseil : Si vous venez un jour de marché (mardi, jeudi ou samedi), la cathédrale devient un véritable refuge de silence au milieu de l’agitation, parfait pour se recentrer avant de repartir.
4. Hylands Park : grandeur naturelle et histoire anglaise
L’après-midi, j’ai enfourché un vélo loué via CycleHireUK.com (15£ pour la journée) et j’ai pris la direction de Hylands Park, à l’ouest de la ville.
Ce parc est immense : plus de 230 hectares de pelouses, de bois, de lacs et de jardins paysagers. Au cœur du domaine trône le Hylands House, un manoir géorgien restauré avec soin. Je l’ai visité avec émotion : mobilier d’époque, portraits anciens, histoires de familles aristocratiques. On s’y promène comme dans un roman de Jane Austen.
🎟️ Hylands House est ouvert certains dimanches – billets en ligne sur www.hylandsestate.co.uk – environ 5£ l’entrée, gratuit pour les jardins.
💡 Petit conseil : emportez un plaid et un bon livre. Le coin près du lac est idéal pour une pause lecture avec vue sur les cygnes.
5. Le canal Chelmer & Blackwater : un après-midi en mouvement lent
Le lendemain, j’ai emprunté un autre itinéraire : la Chelmer & Blackwater Navigation, un ancien canal fluvial de plus de 20 km, aménagé pour les piétons et cyclistes.
Je suis partie de Springfield Lock et j’ai longé le canal jusqu’à Paper Mill Lock, en passant par des ponts de pierre, des saules penchés, des barges amarrées. Le bruit de mes roues sur le gravier, le clapotis de l’eau, les papillons qui volaient autour de moi… tout cela m’a apaisée comme une berceuse.
💡 À savoir : Pas besoin de carte, le chemin est bien balisé. Des cafés champêtres se trouvent à mi-parcours. J’ai déjeuné à Paper Mill Lock Tea Room : soupe du jour + sandwich pour 8£, avec vue sur l’écluse.
6. Vivre avec les locaux : marchés et artisanat
Le samedi matin, je me suis rendue au Chelmsford Indoor Market. C’est l’un des marchés couverts les plus anciens d’Angleterre. J’y ai trouvé des fruits, du fromage local, des épices, mais aussi des artisans qui fabriquent leurs propres bijoux, savons ou objets en bois.
J’ai discuté avec un vendeur de chutney maison, passionné par ses recettes transmises par sa grand-mère. C’est dans ce genre de moments qu’on comprend l’âme d’un lieu.
💡 Petit secret : testez les samoussas de l’échoppe indienne au fond du marché — 3£ pour 4 pièces, une explosion de saveurs !
7. Où manger : les saveurs locales et européennes à l’honneur
Chelmsford m’a surprise par la qualité de ses restaurants. J’ai testé plusieurs adresses, mais voici mes coups de cœur :
- The Wine Cellar (New London Road) : planches à partager, vins anglais et ambiance feutrée. Réservez sur OpenTable pour le week-end.
- Zorba the Greek (Baddow Road) : délicieux mezzés grecs, accueil familial. Comptez 15–20£ par personne.
- Church Street Tavern : un bistrot moderne avec une belle carte de vins, plats anglais revisités avec élégance. Pensez à reserver via DishCult ou directement sur leur site.
8. Où loger : mes recommandations sincères
Outre le B\&B déjà mentionné, voici deux adresses visitées lors de mes repérages :
- Riverside Inn : auberge cosy, chambres avec vue sur la rivière Chelmer. À partir de 90£/nuit. Réservable via Expedia.
- Premier Inn Chelmsford City Centre : plus standardisé mais très bien situé. Bon rapport qualité/prix.
💡 Astuce voyageur : Pour comparer tous les hébergements, j’utilise aussi Trivago, qui centralise Booking, Expedia et autres plateformes.
9. Planifier ses billets et transports à l’avance
Pour bien organiser votre séjour à Chelmsford (ou ailleurs au Royaume-Uni), je recommande :
- Trainline ou Omio pour les trains ;
- Skyscanner pour comparer les vols vers les aéroports de Londres ;
- GetYourGuide ou Viator pour réserver des visites guidées ou excursions depuis Chelmsford ;
- Airbnb Experiences pour des ateliers ou activités avec des locaux.
💡 N’oubliez pas l’assurance voyage. Pour ma part, je prends la mienne via Chapka — fiable, clair, et adapté aux courts séjours.

10. Ce que j’ai appris en vivant lentement à Chelmsford
Au fil de ces quelques jours, quelque chose en moi a changé. Le rythme imposé par les grandes villes s’est effacé. J’ai appris à marcher sans but, manger sans écran, respirer sans urgence. J’ai aussi réalisé que la beauté n’est pas toujours spectaculaire — elle se cache dans les détails : un rayon de soleil sur la rivière, un sourire échangé au marché, une fleur sauvage au bord du chemin.
Chelmsford n’est peut-être pas sur toutes les cartes touristiques, mais c’est précisément ce qui en fait un lieu précieux. C’est une ville pour ceux qui cherchent à ralentir, à écouter, à se reconnecter.
Repartir sans vraiment quitter
En montant dans le train du retour, j’avais l’impression de quitter une amie. J’ai regardé par la fenêtre les paysages défiler, le cœur calme, mais plein.
Si vous aussi, vous cherchez un autre rapport au voyage, plus lent, plus sensible, je vous encourage à découvrir Chelmsford. Ce n’est peut-être pas un « spot Instagram », mais c’est un vrai lieu de vie.
Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin.